mardi 8 juin 2010

2. Un regard.

Il avait des mains qui m’ont fait rêver, dès l’instant où je les ai vues. Peu m’importait sa tête, sa personnalité, à ce moment-là. Seules ses mains m’intriguaient. Il était en face de moi, les yeux fixés dans le vide. Moi aussi, mais le vide, c’était lui. J’aurai pu rester des heures comme ça, à le regarder. A rêver de son visage, de ce qu’il est peut-être. A me faire les films les plus beaux et les plus horribles qui soient, juste pour pouvoir penser à lui. Pourtant, seulement quelques minutes que j’étais assise ici, en face de lui, et déjà tant de pensés qui s’entrechoquées dans ma tête. Peut-être sentait-il que je le regardais, et faisait-il semblant de ne pas s’en apercevoir. Ou bien, il ne voyait rien, il était probablement trop envahit par ses pensés pour voir ce qu’il se passait autour. Mais je ne pense pas. Enfin, je suis de celles qui pensent souvent qu’on les a remarquées, alors que personne ne me voit jamais… Il avait un visage d’ange, et peu importe, au fond, qu’il me voyait ou pas. Pendant quelques instants, mes yeux réussissaient à se régaler rien qu’en voyant son visage. Pourtant, il est peut-être l’être le plus idiot qui existe. Mais, je ne pense pas, il avait dans les yeux l’air d’une grande intelligence.

Elle était en face de moi depuis quelques minutes quand j’ai enfin daigné déposer mes yeux sur elle. Quelque chose d’extraordinaire émanait d’elle, et je ne saurai dire quoi. Elle était belle, mais pas nécessairement physiquement. Ce qui ressortait d’elle était magnifique, ses yeux reflétaient le rêve. Ils brillaient d’une lueur inégalable. Elle était en face de moi depuis si peu de temps. En évitant son regard, je me rassurais. J’avais peur qu’elle me voit la regarder comme cela, alors, je me forçai à regarder le vide, comme si rien n’était présent autour de moi. Puis, je pensais à elle, son visage déjà gravé dans ma mémoire. Elle ressemblait à une chanson, une chanson douce, et vivante. Une berceuse qui en ferait rêver plus d’un, une berceuse qui donnerait le sourire à n’importe qui l’entendrait. D’ailleurs, je ne pus m’en empêcher : le sourire me vint tout seul, sans que je ne puisse le contrôler une seule seconde. Je remarquais en elle, entre les quelques coups d’œil que je m’autorisais, un air rieur que je n’avais pas vu au départ. Plus je la regardais, et plus je la découvrais. Comme si nous n’avions pas besoin de parler pour se connaitre.

Il ne bougeait pas beaucoup. Je ne voyais que ses yeux, sur lesquels j’étais atrocement fixée, qui bougeaient de réflexion. J’aurai voulu savoir à quoi il penser. Pouvoir lire en lui, et deviner comment il pouvait voir les choses. Mince alors, de lui je ne savais strictement rien. Hormis qu’il était beau comme un dieu –à mes yeux-. Plus rien n’existait, c’était tellement déstabilisant. En une fraction de seconde, ma vie trouvait un sens. Dieu, que c’est niais. Que c’est idiot, aussi. Comme si un être, aussi lointain, aussi indifférent à moi, pouvait par sa seule présence tout changer. Pourtant, il y arrivait sans le moindre effort. A chaque instant, je trouvais en lui ce que je cherchais jusqu’à maintenant. Et encore, aucun mot n’avait été prononcé. Ca ne semblait pas nécessaire pour moi. Je vivais quelque chose, mais seule. Lui semblait toujours hors d’atteinte, toujours dans son monde. Bercée par ses yeux, moi, j’avais la sensation de faire partie de son monde, un peu. Il souriait, parfois, et j’aurai tout donné pour savoir ce qui le rendait soudainement comme ça…

Chaque geste qu’elle faisait, je le ressentais. Comme si chacun d’eux était pour moi. Chaque geste m’envoyait un petit peu plus son odeur, si belle. Elle était un ange que je regardais du coin de l’œil tellement j’en étais intimidé. Je ne pouvais plus la laisser partir. Je ne sais pas comment je me débrouillerai, mais je la retiendrai. C’est peut-être ce qu’on appelle un… ? Non. Je ne peux pas dire ce mot. Pourquoi ? Peut-être que jamais je n’y ai cru, une seule seconde de ma vie. Et personne n’a jamais pu me faire changer d’avis. La foudre m’a toujours laissé seul. Et ça allait plutôt bien comme ça. Jusqu’à maintenant. Elle paraissait si innocente, et si caractérielle en même temps. A croire qu’elle était moi. Fragile et forte à la fois. Je n’avais encore jamais vu ça dans les yeux, dans l’allure d’une personne. Je n’avais jamais vu auparavant quelqu’un d’aussi beau, par sa seule présence. Pourtant, j’en ai vu, des belles filles. Bien plus belles physiquement qu’elle. Mais aucune ne la valait, aucune n’était à sa hauteur à elle. Aucune ne dégageait ce que celle-ci dégageait. C’était définitif : je la voulais, pour moi seul. Je ferai tout pour elle. Je la connaissais déjà par coeur.



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